Imprimer

 

Ben dis donc, on dirait que le Vignemale rencontre un certain succès si j'en juge par le nombre de visites des Grimperoots en cette fin d'été. Et c'est bien mérité. Après la chevauchée fantastique d'Etienne et des colocs, après le weekend en amoureux de Marie et toujours Etienne, je monte à mon tour pour cocher les sommets du massif non atteints par ces derniers.

Ce sera un départ à la frontale depuis le barrage d'Ossoue un peu avant 7 heures en direction de la cabane de Lourdes. 3°C, on n'est plus habitués. D'abord un bon sentier (GR10) puis rapidement hors sentier, droit dans la pelouse. Très cairné, un peu monotone, apparemment idéal pour le ski de rando de printemps, dès que la route est praticable.

Beau lever de soleil. Personne.

P1040135

 Du côté de Gavarnie

 

P1040141

Au centre là-haut, le Grand Tapou.

 

P1040147

 

La vue se débouche enfin en arrivant sur la crête frontière au dessus du vallon de Burajuelo.

 

P1040149

A droite, la ligne de crête à suivre jusqu'au Vignemale qui dépasse au fond.

 

Belles perspectives sur la face sud du massif du Vignemale depuis le Pic du Milieu 3030m, le premier de la série. Enfin, premier ça dépend : selon certains auteurs, le Pic du Milieu du Tapou, avec une différence d'altitude inférieure à 30m avec le col (3111m) le séparant de Grand Tapou, n'est plus considéré comme un sommet principal mais comme un satellite du Grand Tapou selon la norme UIAA. Tu peux lire le texte en annexe si ça t’intéresse.

Puis suivre toute crête, facile mais sur un rocher en état de décomposition avancée. Grand Tapou 3060m puis ses deux aiguilles secondaires (3124m et 3132m) et enfin le Pic de Montferrat (3219m) qui ferme au sud le bassin glaciaire d'Ossoue. Plus d'une heure pour cette assez courte traversée pourrie AD- à concentration maximale (le temps passe plus vite).

Superbe point de vue depuis le Montferrat, certainement plus intéressant que depuis la Pique Longue.

P1040164

Le glacier d'Ossoue et sa couronne de 3000 vu de puis le Montferrat.

 

P1040162

 

Ensuite, la progression devenue facile et ludique est magnifique. Pic Central (3235m), Cerbillona (3247m), Clot de la Hount (3289m) s'enchaînent en un peu plus d'une heure non stop.

 

P1040177

Les Tapou et Montferrat depuis le Pic Central.

 

P1040182

 

Un dernier effort pour relier Le Clot de la Hount au Vignemale (3298m) par une arête délicate. Neuvième et dernier 3000 pour moi.

 

P1040189

Tout en bas, le barrage d'Ossoue (et la voiture).

 

A partir de là on peut reprendre le CR d'Anna et se repasser le film en arrière pour la traversée Grand Pic – Petit Pic.

Pour ma part, je trace sur le glacier en serrant bien à gauche, ça passe encore sans trop toucher le caillou. Puis direct jusqu'à la voiture.

Superbe enchaînement que cette traversée des 3000 du Vignemale dans le sens horaire. Cela passe bien à la journée, même depuis le barrage, pour peu que tu n'aies pas trop de route à faire le soir.

Le tempo (en arrondissant au quart d'heure près) :

plus de nombreuses courtes pauses.

(Et suivi de 3h45 de voiture pour rejoindre Bordeaux).

 

Annexe : Liste(s) des 3000 pyrénéens.

Cela peut paraître simple de nos jours de dresser une liste exhaustive des sommets des Pyrénées atteignant la barre symbolique des 3000 mètres d'altitude. Pourtant quelques divergences apparaissent toujours d'une liste à l'autre essentiellement dues aux critères retenus pour déterminer la notion de sommet davantage que sur l'altitude même de celui-ci.

A la fin des années 80 et sous l'impulsion de Juan Buyse, paraît un ouvrage qui fait toujours référence aujourd'hui intitulé tout simplement « Les 3000 des Pyrénées ». Un groupe de montagnards issus des deux côtés des Pyrénées (avec notamment Louis Audoubert, Robert Ollivier, Jacques Jolfre, Miguel Angulo, les frères Ravier, Maurice Jeannel pour ne citer que les français les plus connus) parvient à se mettre d'accord sur une liste de 129 sommets principaux et 67 sommets secondaires (épaules, antécîmes, …) auxquels s'ajoutent 117 côtes restantes.

Selon les critères retenus pour être élevé au rang de sommet principal, outre son altitude supérieure à 3000 mètres, celui-ci doit posséder un nom au moins, figurer sur au moins une carte ou un topo-guide, être soutenu par au moins trois arêtes y aboutissant. Dernier critère, plus contreversé, être séparé de son sommet voisin par une dépression (brêche, col) marquée par une dénivelée minimale de dix mètres par rapport au sommet. Tu me suis toujours ?

Mais tout le monde ne s'accorde pas sur cette dernière condition et des listes dissidentes apparaissent.

L'UIAA, en appliquant la même règle que pour le décompte des 4000 alpins (à savoir un dénivelé minimal de 30m au lieu de 10m) ne valide pas la liste Buyse.

Florian Jacqueminet, dans son livre « Pyrénées, d'un 3000 à l'autre » colle plus ou moins à la liste Buyse tandis que Philippe Queinnec est plus exigeant et revoit le contingent à la baisse (http://philrando.free.fr/sommets3000b.html).

Depuis un peu plus de dix ans le groupe ibérique des Cazafantasmas (les Chasse-fantômes) tente quant à lui de découvrir des 3000 « oubliés » (http://chassedefantomes.blogspot.com/2010/03/le-probleme-de-la-proeminence.html).

Ainsi, selon les listes, on assiste à un ballet de sommets up-gradés alors que d'autres sont déclassés en sommets secondaires voire en simples côtes restantes. Qui a dit que les Pyrénées étaient mortes ?

De plus, avec des techniques de détermination de l'altitude plus modernes que celles des années 80, certains sommets se sont vus rabottés de quelques mètres et donc éjectés de toute liste de 3000.

Ainsi, les deux pointes constituant le Besiberi du Milieu (Besiberi del Mig) passent respectivement de 3002 à 2995,9m et de 3003 à 2995,2m depuis mon passage (mais je n'y suis pour rien!). Idem pour la Frondella occidentale (Massif du Balaïtous) qui passe de 3001 à 2992,2m. Et une pensée émue pour le pic d'Arnales (proche des Pics d'Enfer) que les Cazafantasmas ont mesuré à 2999,9m ! J'ai bien envie d'y remonter pour construire un mini-cairn sommital !