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Après une pluie quasi quotidienne durant ce mois de novembre sur Bordeaux et ses environs (cumul de 264 mm selon infoclimat.fr), autant te dire que l'envie de se chauffer le dos sur les parois aragonaises est à son max. Un weekend décalé (dimanche-lundi) début décembre s'organise donc avec Cédric, Jean Christophe alias équipe A d'une part, Eric et Beñat d'autre part. Direction los Mallos de Riglos, valeur sûre avec un ratio route/grimpe encore favorable sur deux jours.

Beñat :

L'équipe A attend patiemment la fin de journée de travail d'Eric et moi même (de toute façon il pleut partout même en Espagne) et c'est un départ tardif samedi soir qui nous mène au Pays Basque pour y passer la nuit.

Ce n'est que le lendemain matin que l'on arrive à Riglos sous un soleil pas encore franc (on voit qu'il a bien plu ici aussi). Un petit café histoire de marquer notre arrivée et feu !

L'équipe A arrive avec un plan de bataille bien arrêté pour ces deux jours, le matos est trié, le sac de hissage est prêt, les topos appris par cœur … Des pros quoi. Direction La Fiesta de los Biceps avec gants, doudoune, plusieurs litres d'eau. C'est qu'il faut le remplir le beau sac de hissage jaune tout neuf !

 

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De notre côté, c'est un peu le contraire, rien n'est prêt : quelques étirements, on feuillette le topo, humons l'air du temps, laissons venir l'inspiration … avant d'opter pour La Carnavalada avec équipement à l'espagnole : une corde à simple, un litre d'eau, un coupe-vent. En mode rapide de préférence car JC et Cédric ne vont pas traîner.

 

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La Carnavalada, plein centre

 

La météo semble se stabiliser au beau temps, les nuages de pluie auront la bonne idée de contourner nos mallos.

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La Carnavalada, c'est trois longueurs d'échauffement suivies de quatre longueurs moins sympa.

 

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Arrivée à R3 sur l'Entosta, cette écaille caractéristique au centre du Pison, commence la Raya Blanca, cette longue traînée blanche de magnésie visible à des kilomètres sur un mur incroyable, légèrement mais régulièrement déversant.

 

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La Raya Blanca, vue du bas.

 

Le coach Eric nous sort le grand jeu et enchaîne ces 45 mètres en 7a+ ou 7b selon les topos en récitant toute la gestuelle du grimpeur moderne de salle : lolotte, drapeau, carre externe, blocage, ...tout y passe. Une vingtaine de minutes non stop (pas de repos possible) pour un beau combat. De mon côté, je décide de réaliser le contrôle annuel de l'équipement et teste systématiquement toute la quincaillerie que je rencontre sur ma route. Spits, golots, burils, pitons, je tire sur tout ce qui est métallique évitant au maximum de toucher le rocher. Et j’enchaîne fièrement toute la longueur en A0 et à vue s'il-vous-plaît !

 

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Les trois dernières longueurs (7a, 7a, 6b) sont laborieuses pour tous les deux mais tout se passe assez sereinement quand même.

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Descente par les rappels habituels du canyon.

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L'équipe A est déjà en place au bar del Puro et a pris un tour d'avance sur la bière avec leur nouvel ami BE et son stagiaire.

Cédric :

Alors je le reconnais : la fiesta nous fait super envie. JC connaît le topo par cœur, je l’ai même regardé hier pendant que les travailleurs œuvraient ! Mais pour le reste, pas sûr de partager l’analyse de Beñat : Riglos moins 20 minutes (vers Murillo) : “Euh poulet, pour la remontée sur corde, tu fais comment pour mettre l’auto-bloquant sur ton baudard ?”. Un arrêt au stand plus tard (on est bien dans une sortie GR ;)) : “faudra que tu me briefes aussi sur les mouflages”. Les consignes mouflages seront passées à R2. A posteriori, heureusement qu'il n'a pas fallu mettre en pratique :)))).

Sur le parking, c’est plutôt calme. Collant, pas collant ? Trois couches , Quatre ? On mettra tout ça dans notre nouveau copain ! Pendant ce temps là, Eric sort discrètement ses topos. “Regarde Beñat, j’ai imprimé Al Capone, Opus et Filo del Cuchillo”. Oh punaise, j’aimerais pas être à la place de Beñat ;) ! “Attends Eric, regarde, j’ai le topo papier, on va regarder calmement les falaises et laisser le soleil nous chauffer un peu, ça sera mieux pour décider…”. Il a du métier Beñat, il sait se sortir des passes difficiles. Bon, on met le cap vers la Visera qui a l’air plutôt calme, de bon augure pour nous. Et on sait pas ce que les collègues vont faire. De toutes façons, y a un bar en bas et on a chacun une clé de voiture, on devrait bien s’en sortir.

On arrive au pied de Moskitos, et là, c’est la douche froide. Y a 4-5 cordées déjà à l’oeuvre, et au moins 3 cordées qui attendent pour démarrer. Mais en y regardant de plus près, y a personne dans la Fiesta. Incroyable ! En fait, avec les pluies de la veille, le départ de Zulu est trempé, et tout le monde se lance dans Moskitos, avec l’ambition de bifurquer à un moment ou à un autre. Du coup, on déroule notre corde à simple, la corde de hissage. Jusque là, ça fait pro. “Euh, poulet, tu l’accroches comment la corde de hissage ? “ “Et sinon, tu le fais monter comment le sac ?” “Bon, y a personne, tu pars, et puis on verra comment ça se passe”. En fait, ça se passe bien :).

La 1ère longueur déroule bien jusqu’au dernier point avec un petit pas plus taquin, malgré un petit coup de pression de grimpeurs oloronais : “Vous êtes bien dans le 7a à vue les gars ?”. “Euh, moi je passe même pas les 7a à la salle…”. “Bon, on va regarder comment vous avancez, et on verra si on se lance derrière vous”.

Pour le reste, pas grand chose à ajouter à tout ce qui a été écrit sur cette voie, mis à part que son nom n’est pas super bien choisi. Perso, j’aurais appelé ça “La fiesta de los avant-braceps”. Petite taxe à payer en L2 sur réglettes avant d’attaquer les bolos qui font la renommée de la voie. Et il faut avouer qu’on y a pris un grand plaisir : voie vraiment à faire ou à re-faire ! L’équipement nous a paru bien régulier, avec un point de renvoi à chaque relais, puis des points tous les 4 mètres. Il n’y a aucun de pas de bloc dans cette voie, et le point à point est largement gérable. Bref, foncez y ! Le sac de hissage est vraiment très confortable ici, même le 2nd peut alors profiter de ces belles longueurs.

Retour bien sympa par le Fire. On fonce au bar, pas de nouvelles des collègues qu’on n’aperçoit pas… On est fair-play et on attend jusqu’au coucher du soleil, avant de filer au bar del Puro pour patienter au chaud. On finit par voir réapparaître l’équipe des casques blancs dans les rappels du Pison. Cool :). J’espère qu’ils ont eux aussi passé une super journée !

 

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Beñat :

La nuit et les températures tombent. Apéro à Ayerbe où l'on teste quelques bars avant de trouver celui qui nous servira aussi à manger. On dévore (surtout Cédric).

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Nuit sous les pins près de Riglos, sous tente et dans la voiture. Petit déjeuner dans le froid mais on sait qu'aujourd'hui ça va vite chauffer !

L'équipe A et leur sac de hissage sont rapidement prêts pour le second volet de leur projet, la Carnavalada.

 

Cédric :

Pour la voie du jour, si vous avez bien suivi ce CR, pas grand chose à ajouter aux propos et aux images (superbes !) de Beñat.  Allez, quand même un truc ou deux...

Premier point, l'anti-jeu de nos collègues. "Ouais, Carnavalada, c'est super dur... J'ai enchaîné le 7b, mais après j'avais plus rien heureusement que j'ai pu tirer à droite à gauche... C'est dur...Prenez 32 dégaines pour le 7b, en plus les points sont mal placés pour grimper en libre...C'est trop dur pour moi...Sangle pour pédaler blablabla... C'est jamais 6B là haut si t'es pas un géant... C'est dur...". En tous cas, ça c'est ce que j'ai retenu de leur débriefing. Pas de quoi partir super serein dans le truc. JC, comme d'hab, reste zen... Bon j'ai peut être un peu noirci le tableau là non ?

Je suis entré dans la voie par la variante de gauche qui est bien plus sympathique à froid à mon humble avis. Mais ça ne colle plus avec le topo affiché précédemment (6a sur grosses patates).

Dans la longueur dure, les premiers spits sont en effet très à gauche, ce qui oblige le grimpeur à se farcir 4 ou 5 mouvements pour aller clipper puis se remettre dans les pas d'escalade. Quoiqu'en dise Eric, ça complique l'affaire, et d'ailleurs JC a artifé ce départ par manque de confiance. Maintenant qu'il a vu, faudrait y retourner pour jouer. C'est par contre trop dur pour moi, mais comme dit Beñat, ça s'artife bien ! Les 2 derniers tiers de cette longueur sont bien sympa à grimper (et ils font sentir que les bras sont pas tout neufs de la veille).

Pour les 3 dernières longueurs, je partage pleinement l'analyse des collègues : une pédale par ci par là c'est bien :). JC aura voulu se démarquer en disant que le vélo c'est vraiment pas son truc.

Au final, on a passé une super journée, en libérant plus ou moins de passages. Cette Carnavalada nous a bien plu aussi, et pourtant c'était pas facile pour elle de passer au lendemain de la Fiesta. Riglos, on reviendra, avec une corde de hissage marquée au centre !

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Beñat :

Quant à Eric et moi, il nous faudra encore le temps de nous réchauffer avant de se lancer dans la Hoja del Cuchillo sur le mallo du même nom.

 

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El Mallo del Cuchillo, bien tranchant.

 

La Hoja

Pour qui souhaite se frotter aux fameux panzas rigleras, ces successions de ventres à franchir, c'est bien la voie qu'il faut suivre. Un bombé athlétique, un rétablissement teigneux sur les genoux que déjà tu te cognes le casque sur le surplomb suivant. Et ainsi de suite...

 

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Un ventre, un spit, un ventre, un spit, un ventre ...

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Très élégant mallo que ce Cuchillo coincé au milieu des grands. La descente en rappel s'effectue tout d'abord dans la brèche qui le sépare du mallo de Enmedio gravi avec Etienne en 2017.

 

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Puis on traverse un petit jardin suspendu d'où un câble nous ramène pleine face pour les trois derniers longs rappels.

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On serait bien restés un peu plus mais on aura su profiter à fond de cette courte fenêtre de soleil.