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Introduction :
Mon ancien employeur ayant décidé d'appliquer la clause de non concurrence jusqu'au bout je me suis retrouvé en très grande vacances pour 6 mois.
A situation exceptionnelle il fallait trouvé un projet exceptionnel. Au départ, j'étais plutôt attiré par du ski de rando exploration en antarctique, mais les dates ne collaient pas. Du coup je me suis rabattu sur le Shisha qui avait l'avantage de me faire connaître pour l'acclimatation le tibet que je ne connaissait pas et découvrir le monde de la très haute altitude même si très honnêtement je ne me donnais que très peu de chance d'atteindre le sommet.
Le site résume très bien tout ce qu'on a vécu : http://www.expes.com/Shisha_Pangma/ShishaPangma_1309.htm
Un film suivra
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Je ne vais donc pas redire ce qui est écrit là mais juste compléter. 
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Paradoxalement, même si on n'a pas atteint le sommet, cette expédition aura démystifié le 8000 et m'a montré que cela était quelque chose de assez accessible (grâce aux sherpas!) pour peu qu'on prenne le temps de s'acclimater correctement.
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L'acclimatation :
Evidemment, cela n'a pas été facile tous les jours et heureusement le temps gomme vite les moments difficiles. Pour ma part ce sont certaines nuits en altitude qui ont été comme la bite à mike (longue et dure).
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 Les différents camp (CB route,CB avancé, Camp 1, Camp 2 et Camp 3) 
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Je me souviens notamment de la première nuit à 6400 où je n'ai pas réussi à trouver le sommeil car je n'arrivais pas à réguler le rythme respiratoire qui me générait des sensations d'étouffement. Cette nuit là pris de claustrophobie, je me souviens m'être juré de reprendre au petit matin mes clics et mes clacs et rentrer. Pourtant le lendemain dès que j'ai commencé à m'activer, j'étais en pleine forme, c'est ce jour là qu'on a été skier jusqu'à 6850 ce qui m'a fait vite oublier cette mauvaise nuit. Il y en aura donc d'autre comme celle là et je finirais par prendre des stylnox (somnifères) pour atténuer ce calvaire. 
Pour le reste tout s'est bien passé, quasiment jamais mal à la tête et plutôt en forme même si à cette altitude on a plein de petits bobos qui ne cicatrisent pas, les lèvres gercées, la langue brûlée, une toux sèche accompagné de crampes du diaphragme...
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Le groupe :
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Ne connaissant personne au départ, c'était la grosse inconnue. Malgré quelques caractères forts, la durée de l'expé et la fatigue, cela s'est très bien passé.
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Quelques éléments remarquables :
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Jean-Philippe:
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Niçois qui n'avait jamais fait de montagne avant de s'engager pour le 7000m. Il mériterait de faire parti de grimperoots car c'est lui qui avait le plus gros débit de bière et de whisky. Il a passé des moments très durs durant cette expédition ou il a battu son record d'altitude dès son arrivée à Lhassa. Tous les paliers ont été une souffrance. Un nuit au camp de base il a refusé de dormir de peur de ne pas pouvoir se réveiller. Malgré tout cela, il a réussi son objectif; Respect!
Pour l'anecdote, un des points qu'il l'inquiétait au départ de l'expé, c'est que le ricard paillette à cause du froid.
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Gérard :  
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Néo retraité de Bourg en Bresse, c'était le public relation du groupe. C'était loin d'être le plus en forme du groupe d'autant qu'il était parti avec une surcharge pondérale non négligeable, par contre, il n'a raté aucune étape en avançant à son rythme. Personnage généreux, très attachant.
A la fin de l'expé, il s'est juré de ne plus recommencer et a donné tous son matos aux sherpas
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Jean-Marie:  
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Le doyen du groupe mais faisait parti des plus en forme. A passé toutes son enfance au Pays basque espagnol avant de rejoindre Toulouse pour ses études ce qui  a donné à ce parisien d'adoption des valeurs sûres et au camp de base c'est toujours lui qui lançait l'apéro.
Bar au camp de base avancé: missing image  
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François:
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Chirurgien à Agen à la recherche de compagnons de cordées dans les pyrénées. Plein d'humour et de blagues, il aime la bonne chaire et ne tardera pas à venir nous accompagner dans des sorties pyrénéennes dès qu'il aura rempli quelques obligations conjugales.
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... sans oublier Pascal, Pierrik, Marc et Bruno(mon compagnon de chambrée) que j'ai particulièrement appréciés. 
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Les guides:
Ludo :
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 Il passe son temps en expé que ce soit en haute altitude ou en ski de rando exploration. Il vient de faire au printemps l'everest sans oxygène par le versant chinois (respect!). Fondateur de l'organisme d'expedition, grosse expérience, il a su construire une équipe infaillible. Je ne saurais trop vous conseiller de regarder les films qu'il fait lors de ses expés : http://www.expes.com/Films.htm
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Fabrice:
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Il est prof à l'ensa pour le ski et la nivologie. Très posé, il "sent" la montagne. Par exemple lors de la descente finale du camp 2 au camp 1, il ne sentait pas la pente du coup il a demandé au groupe d'attendre que le skieur passe. Le skieur en passant a déclenché une petite avalanche a distance.
Après l'expé, non rassasié d'himalaya, il est parti avec sa copine enceinte faire un trek dans la région du Kumbu en passant par l'island peak(6180m).
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Quelques annecdotes
L'oxymètre
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Tous les soirs, il y avait le rituel de l'oxymetre qui permet d'avoir des données objectives sur notre acclimatation. Certains prenaient cela tellement au sérieux qu'ils reprenaient les mesures si elles étaient pas assez bonnes ou surventillaient pour améliorer la mesure. Pour avoir une idée, au niveau de la mer on est à 99% à 3600 j'étais à 93%, à 5600 à 83% à 7450 à 70%. vous trouverez ici des courbes de satu: http://www.expes.com/Courbes_Donnees_Expeditions.htm
Pour donner un ordre de grandeur, normalement à 90% au niveau de la mer on est hospitalisé.
En fait, on vit comme un insuffisant respiratoire pendant 1,5 mois.
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La bouffe: J'avais peur de perdre l'appétit en altitude comme cela avait était  certaine fois le cas, en fait,  pas du tout bien au contraire.
J'ai donc bien pu profiter des prouesses faites par Gyalsen et son équipe qui par exemple nous aura concocté du carpaccio de Yak accompagné de maki aux légumes.
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Par contre, on ne s'était pas assez préoccupé de la bouffe lors de notre premier séjour à haute altitude. On s'est donc retrouvé avec le soir des lyoph népalais trop épicés imbouffables et pour la journée juste des graines (amandes, noix de cajou). En conséquence, je n'ai quasiment pas mangé pendant 4 jours et j'avais la sensation de dépérir.
Du coup, pour l'assaut final, la bouffe avait été préparé avec minutie et j'était revenu aux fondamentaux : Soupe + Pates fromages jambon ou purée le soir et chocolat et graine le midi. et je peut vous dire que même à 6900 et 7400 on s'en ait fait une bonne platrée. 
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Le ski :
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Tout d'abord c'était un rêve de skier à ces altitudes et le moins que l'on puisse dire c'est que il s'est réalisé pleinement, par contre j'étais parti sûr de mon niveau en ski et je m'était dit qu'à cette altitude le ski serait une vrai aide tant pour la montée que pour la descente : que néni! Tout d'abord à la montée il fallait porter les skis car la zone était crevassé, l'usage des cordes fixes était donc indispensable. Quand à la descente entre le manque d'oxygène et les chaussures d'expé qui ne tiennent pas vraiment le pied ce fut un effort insoupçonné! Quand la neige était "uniforme" c'était régal et plaisir par contre le reste du temps c'était beaucoup plus compliqué.
La neige était souvent croûtée ou cartonnée et j'ai donc pris quelques gamelles. Par moment j'étais tellement asphyxié que je m'allongeais bras en crois dans la neige pendant 2/3 minutes pour retrouver ma respiration.
Bref super expérience et respect ++++ à ceux qui ont descendu des 8000 à ski ou à surf comme marco siffredi ( http://www.youtube.com/watch?v=bd3_b8raTEM )
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Les suédoises: Le monde de la haute altitude est très masculin même si en ce moment quelques filles se battent pour être la première à boucler les 14 8000. La plus proche est une coréenne (Oh Eun Sun) à qui il manque l'Annapurna (qu'elle n'a pas pu faire cet automne à cause des conditions météo) suivi de près entre autre par iIurne Pasaban ( http://www.edurnepasaban.com/ ) à qui il manque le shishapangma (qu'elle n'a pas pu faire cet automne également à cause des conditions météo) et l'annapurna. Malgré cela, il ne faut pas compter sur une expé pour rencontrer la femme de sa vie (ça tombe bien, c'est pas ce que j'étais venu chercher) même si les rares qui sont là sont des GTT ++ .
Lors de ma première montée à 6400 au camp 1, j'ai croisée 2 extra terrestres, 2 filles chargées comme des mules qui n'avaient pas sherpa et qui montaient. Je les ai doublé dans la montée et quand je suis redescendu elles en étaient à peine à la moitié par contre elles avaient ni perdu leur charme, ni leur sourire ni leur bonne humeur. Bref des GTT puissance 10 qui faisaient plaisir à voir. J'apprendrais plus tard que ce sont des alpinistes connues dans leur pays ( http://www.anneliepompe.com/ ). Elles ont fini par prendre les services d'un sherpa et elles ont fait le sommet le 01/10 depuis lequel elles ont participé à une émission en direct.
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Le Caisson :
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Comme vous l'aurais lu, l'échec est en parti du à "Véro" qui a fait un oedème cérébral au dernier camp au moment du départ. En parti seulement, car même si j'étais globalement en assez bonne forme la météo au moment du départ n'était pas optimal, il avait commencé à neiger et cela ne s'est quasiment pas arrêté de la journée; l'absence de vent nous aurait quand même donné une petite chance.
Pour revenir à l'épisode malheureux, certains pourraient écrire "l'autre face du shisha", moi je me contenterais raconter les faits dans l'ensemble.
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véro arrivant au camp 2
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Tout d'abord, il faut savoir que Véro avait eu quelques soucis lors de la première phase en haute altitude (la phase d'acclimation). elle avait souvent eu mal à la tête et lors de la nuit au camp 2(6900m), on avait été réveillé par son compagnon de tente pour nous dire qu'elle n'allait pas bien. on avait du la "caissonner".
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Il faut pomper pour mettre en pression ce qui fait redescendre virtuellement le sujet de 1500m puis pomper 3 fois toutes le minutes pour renouveler l'air du caisson. Je peux vous dire que pomper à cette altitude est un vrai effort et qu'il vaut mieux être plusieurs pour se relayer. par contre, c'est vraiment l'outil miracle car en 5 minutes cela ressuscite vraiment la personne qui est de nouveau en pleine forme.
Véro avait une volonté de sommet incroyable qui la faisait avancer quelque soit les souffrance. C'est d'ailleurs ce qui a été préjudiciable.
De retour au camp de base après cet épisode, le service de Cauchy (dr Vertical) à Cham a été contacté pour prendre conseil sur ce cas. On nous a conseillé qu'il fallait suivre de prêt mais qu'elle pouvait monter tenter le sommet. Ludo me dira également qu'il a déjà vu quelqu'un de caissonné réussir par la suite le Makalu.
Lors de l'attaque finale elle est donc montée sans problème jusqu'au camp 4 (7450). Là le soir elle était très basse en saturation (60%). Du coup elle a été mise sous oxygène à faible débit pour passer la nuit. Au départ, il était prévu d'attaquer le sommet aux premier rayons du soleil pour profiter de sa chaleur mais comme il était annoncé plus d'humidité, il était décidé de partir tot dans la nuit. Nous nous sommes donc réveillés vers 2h pour nous préparer (il neigeait déjà). Après avoir déjeuné et fait de l'eau, nous étions prêt un peu avant 3h.
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Véro avait du oter son masque pour se préparer une petite demi-heure et cela a suffit pour qu'elle soit mal. D'un coup, juste au moment du départ,  elle s'est effondré dans la tente. Elle avait fait un oedème cérébral et était tombé dans le coma.
Ludo a prononcé quelques jurons car il s'en voulait de s'être mis une nouvelle fois dans cette situation, (il faut dire que l'année précédente lors de l'expédition au Manaslu, ils avaient perdu un membre dans les mêmes circonstances) et il annonça aux sherpas "cancelled, go down". 
Ils ont donc descendu Véro inconsciente vers le camp inférieur, au départ trainé sur la neige à l'aide d'un matela de sol pendant qu'un des sherpa était parti devant pour remonter le caisson qui était resté au camp 2 avec la deuxième équipe. 
Au moment, où elle a commencé à être redecendue, François me dit 'une chance sur deux' ce qui m'a fait un peu froid dans le dos.
Finalement elle sera caissonné vers 7100m, elle retrouvera presque instantanément tous ses esprits et elle descendra par ses propre moyen en suivant jusqu'au camp de base. 
La décision de la laisser remonter n'était donc pas le bon choix ... mais peut-être que si cela n'avait pas eu lieu nous aurions pris des risques inconsidérés en tentant le sommet dans le mauvais temps ... c'était sans doute notre destin. 
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Les doigts de l'espagnol : Avec Jean-marie nous avions sympathisé avec un groupe d'espagnol. Ils ont tenté le sommet la veille de notre tentative.
Un est arrivé au sommet et un a fait un début d'oedème cérébral qui s'est retrouvé après la tentative  épuisé au camp 3 avec le bout des doigts gelé. Il a mis 3 jours pour rejoindre le camp de base avec son sherpa.
On l'a retrouvé au camp de base avec le bout des doigts bleu. Puis, on l'a revu à Kathmandu et là c'était toutes les premières phalanges bleus/noir. C'est impressionnant.
Visiblement la règle c'est que tant que le bleu reste sur la dernière phalange on coupe rien. Lui devrait avoir 2 phage de coupé à chaque petit doigt des mains.
On le recroisera peut-être car il a un appart a St Lary et arpente les mêmes voies que nous.
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OADENF: Ne pas faire de ski tout seul, surtout en haute altitude dans une zone crevassée.
Le toubib de l'expé, très sympathique mais souvent à l'ouest faisait parti des skieurs.
Contrairement à moi, il avait gardé ses skis en altitude durant toute l'expédition.
Lors de la descente finale entre le camp 1 et les pénitents, il est parti longtemps après tous le monde. Et lors d'un virage il a rompu un pont de neige et s'est retrouvé au fond d'une crevasse.
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Il a eu doublement de la chance car d'une part il est tombé dans la crevasse sur un bouchon de neige ce qui lui a évité une issue fatale, d'autre part, les sherpas qui on l'oeil à tout ont repéré que la trace de ski s'arrêtait net et du coup sont remonté le sortir.
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ConclusionC'était une super expérience avec un fort goût de "reviens-y" malgré les difficultés rencontrées. 
Je souhaite et je conseille à tous de pouvoir, un jour, le vivre,  même si le bilan carbone n'est pas bon du tout, même si l'on passe beaucoup de temps à ne rien faire, même si l'on passe beaucoup de temps à souffrir, même si c'est risqué et même si on n'atteint pas le sommet, car les paysages sont hallucinant, l'expérience humaine et intérieure est incroyable. C'est une expérience de vie très FORTE.